La gestion des étiages dans le Lot

Mis à jour le 15/07/2020

L’eau, ressource vitale

Avec la répétition des étés secs et chauds, chacun prend conscience, si ce n’était déjà fait, de la valeur et de la fragilité de notre ressource en eau.

Fort heureusement, notre département s’est doté d’infrastructures capables d’éviter ces dernières années, des pénuries d’eau potable : exploitation de ressources robustes et interconnexion des ressources de façon à sécuriser l’approvisionnement. Cet effort des collectivités mérite d’être salué mais doit être maintenu dans la perspective du changement climatique. Toutes les ressources, même certaines ressources modestes, méritent une attention soutenue car elles contribuent à un équilibre qui doit pouvoir s’adapter aux évolutions du climat.

L’eau potable est évidemment un usage prioritaire mais il n’est pas le seul et la politique de l’eau doit aussi préserver d’autres enjeux :

  • l’eau facteur de production pour l’énergie, l’industrie, l’agriculture, l’économie touristique (loisirs nautiques, pêche) ;
  • l’eau facteur de risques (inondation, salubrité)
  • l’eau milieu de vie, dans nos cours d’eau et nos plans d’eau.

La conciliation des usages et des enjeux est particulièrement importante pendant la période estivale, avec le phénomène d’étiage.

Qu’est ce que l’étiage ?

L’étiage correspond aux basses eaux d’un cours d’eau. C’est un phénomène naturel placé sous l’influence directe du climat estival (baisse des précipitations, augmentation des températures et de l’évaporation) et de la consommation par la végétation, naturelle ou cultivée.

Cependant, plusieurs facteurs humains l’influencent aussi :

  • la dégradation des milieux aquatiques (cours d’eau, zones humides) du fait de leurs aménagements ou de leur destruction ;
  • les prélèvements opérés dans les milieux pour satisfaire à nos besoins.

Gérer les étiages

Phénomène naturel, éventuellement aggravé par l’action humaine, l’étiage est susceptible de porter atteinte à la biodiversité, à la qualité de l’eau, à la salubrité des milieux ou de menacer la nécessaire conciliation des usages.

Depuis environ 15 ans, la gestion de l’étiage est devenue une préoccupation majeure. Il s’agit en fait de gérer les usages et les prélèvements dans les milieux, de façon à éviter ou retarder les épisodes critiques (qui se produisent parfois sur certains cours d’eau, même en l’absence de tout usage).

Dans le Lot, le dispositif de gestion des étiages des cours d’eau s’est structuré progressivement depuis le début des années 2000. Il s’appuie aujourd’hui sur un travail partenarial associant différents acteurs.
Ce travail vise à permettre l’adoption de mesures de limitation voire d’interdiction de prélèvements et d’usages, rendues nécessaires par la situation. Ces décisions relèvent du préfet de département.

Pour être efficace, le dispositif doit être réactif, proportionné et gradué. Ainsi, la gestion des étiages dans le Lot suit un rythme hebdomadaire, pendant la période de progression de l’étiage, généralement entre la mi juin et la fin août. Par la suite, un suivi est maintenu jusqu’à la fin de l’étiage avec un rythme assoupli, la situation étant moins évolutive et les usages plus modérés.

La gestion des étiages dans le Lot

Observer et informer sur la situation

Aucune gestion n’est possible sans un suivi permanent de la situation des cours d’eau, très évolutive et différente d’un cours d’eau à l’autre.

Pendant la progression de l’étiage, des mesures et des observations sont réalisées chaque semaine par divers partenaires :

  • la direction départementale des territoires (DDT) et le service départemental de l’office français de la biodiversité (OFB) observent une quarantaine de stations et de points de mesures ;
  • le conseil départemental, plusieurs syndicats (syndicat de la Dordogne moyenne et de la Cère aval, syndicat du Célé et du Lot médian, syndicat des bassins du Céou et de la Germaine), les établissements publics territoriaux de bassin (EPIDOR sur le bassin de la Dordogne et le syndicat mixte du bassin du Lot sur celui du Lot) complètent l’information disponible par leurs observations.

L’exploitation de ces données permet, chaque semaine (généralement le mardi) pendant la période d’étiage, la publication par la DDT d’une note de situation hydrologique. Elle donne aussi lieu à des échanges fournis avec les DDT des départements voisins de façon à ce que l’appréciation des situations soit partagée.

Parallèlement à ces observations hydrologiques, Météo France apporte une contribution précieuse à l’analyse des situations par la production hebdomadaire de données sur le climat des derniers jours et les prévisions pour les jours à venir, dans le département du Lot.

Informer et concerter les acteurs

Chaque semaine, une réunion d’information et de concertation est organisée par la DDT (généralement le mercredi). Y sont conviés tous les acteurs associés au comité départemental de gestion de l’étiage : organismes professionnels agricoles et non agricoles, associations de protection de l’environnement, conseil départemental, syndicats de rivières, EPTB, services et établissements de l’Etat.

Cette réunion permet de partager l’information disponible (données hydrologiques, météorologiques, besoins, mesures adoptées dans les départements voisins etc.) et de discuter les mesures à adopter : interdiction des manœuvres de vannes, limitation (voire interdiction) des prélèvements domestiques et des prélèvements pour l’irrigation, etc.

Portés à la connaissance du préfet, les résultats de cette concertation, les données objectives et les informations issues des contacts avec les DDT voisines lui permettent d’arrêter, s’il y a lieu, les mesures à mettre en place.

Parce que l’objectif est d’adopter des mesures proportionnées et graduées, il est fréquent qu’un arrêté soit pris chaque semaine avec, le plus souvent une extension ou une aggravation des mesures de limitation précédentes (progression de l’étiage) ou, plus exceptionnellement quand la situation le permet, leur assouplissement.

Le dispositif de limitation des usages est maintenu, par défaut, jusqu’au 1er octobre mais il n’est pas rare qu’il soit prolongé pour tenir compte d’un étiage tardif.

Communiquer

Les arrêtés instaurant des mesures de limitation des usages sont immédiatement adressés aux mairies des communes concernées afin qu’ils y soient affichés (une fiche annexe permet un affichage d’un résumé explicite des mesures en vigueur).

Parallèlement un communiqué de presse est diffusé afin de permettre une information aussi large que possible. L’information est également déposée sur le site web Propluvia qui permet de consulter les mesures en vigueur sur l’ensemble du territoire national.

Un point important doit être signalé : même lorsque le prélèvement pour l’irrigation est interdit dans un cours d’eau, l’irrigation sur le bassin, elle, n’est pas interdite si elle mobilise des ressources déconnectées du milieu à protéger (prélèvements dans des plans d’eau déconnectés par exemple).

Contrôler l’application des mesures

Ce contrôle est essentiellement réalisé par le service départemental de l’OFB. En 2019, 16 contrôles ciblés ont été réalisés et des tournées de surveillance régulièrement organisées. Dans ce cadre, aucune infraction aux mesures de limitation des usages n’a été relevée. De telles infractions sont portées à la connaissance du procureur de la République, afin qu’il détermine les suites à leur donner. Elles sont passibles d’une amende de 1 500 € pour les personnes physiques et de 7 500 € pour les personnes morales.